La diversité des aliments consommés par le renard
Les renards peuvent manger pratiquement n’importe quoi, ils sont omnivores. A l'âge adulte, la nourriture est très variable selon les saisons et les régions où vit l'animal : le renard profite de l'abondance saisonnière de certaines ressources et s'adapte à l'extrême diversité des biotopes qu'il fréquente.
Répartition des aliments du renard (d'après Macdonald, 1987)
1 : en zone semi-urbaine
2 : en milieu campagnard
A l’Arboretum de Chèvreloup (près de Versailles, 78), les renards mangent en moyenne sur une année 50 % de fruits, 38 % de lapins, 6 % de rongeurs : les lapins surtout de mars à juin (jeunes lapins), les fruits surtout en été et en automne.
Les animaux consommés
D'une façon générale, le renard s'attaque rarement à des proies de plus de 5 ou 6 kg, ce qui correspond à peu près au poids d'un gros lièvre. La quantité consommée par le renard dépend de la quantité de proies disponibles : c’est pourquoi le régime alimentaire du renard diffère considérablement d’un endroit à l’autre et d’une saison à l’autre. Les petites proies sont consommées entièrement. Des proies moyennes, le renard délaissera fréquemment la tête, les membres, la queue et la peau. Pour une carcasse volumineuse, la consommation des viscères se fait par des brèches successives mais le travail semble difficile ! Les aliments ne sont pas mâchés, la viande étant déchirée en petits morceaux grâce aux carnassières.
Les lapins de garenne (surtout lapereaux et lapins malades atteints par la myxomatose) constituent les proies les plus régulièrement capturées.
Le renard consomme des petits rongeurs, surtout des campagnols (principalement du genre Microtus) dans les régions où les lapins sont absents. Un renard assure chaque année à lui seul la destruction de 6000 à 10000 rongeurs : c'est donc un véritable auxiliaire de l'agriculture quand on sait que les rongeurs mangent chaque année environ 10% des récoltes. Par contre, il consomme peu de musaraignes et de taupes (elles sont utilisées par les jeunes à des fins ludiques), la présence de glandes odoriférantes chez ces insectivores semblant repousser le renard.
La consommation d'invertébrés est constante en été : coléoptères, orthoptères, lépidoptères mais le renard semble avoir une prédilection pour les lombrics, en particulier lors des nuits chaudes et humides, quand les vers remontent à la surface du sol (le fait, redécouvert récemment avait déjà été signalé par DETSCHUDI en …1859). En Angleterre, certains individus (adultes édentés, renardeaux) se sont spécialisés dans la chasse aux lombrics, ceux-ci constituant alors jusqu'à 60% des proies présentes dans leur alimentation.
La consommation d'oiseaux (faisans, perdrix, oiseaux des poulaillers…), bien que constante, est secondaire voire négligeable, les petits oiseaux n'étant consommés que s'ils nichent à terre ou à l'état de cadavre. Le Renard a l’habitude de tuer plus qu’il ne lui en faut quand il pénètre dans un poulailler ou un élevage de faisans ou quand les oiseaux ne peuvent fuir. Ce comportement, souvent jugé selon des critères moraux (le Renard serait méchant, cruel, etc.) s’explique probablement par celui des victimes qui ne fuient pas (situation rare dans la nature). C’est pourquoi le Renard n’aurait pas une réaction adéquate. Les études menées récemment pour comprendre la « nocivité » du Renard ont montré que ses dégâts dans les élevages (notamment sur les agneaux) et en ville (où de nombreuses personnes trouvent sa présence intéressante et où les chats domestiques ne sont guère menacés) sont faibles, mais qu’il peut concurrencer sérieusement les chasseurs qui élèvent et lâchent des oiseaux gibier (une des raisons pour lesquelles l'animal est classé nuisible).
Le renard peut pêcher des poissons et s'attaquer aux espèces locales : kangourous rouges, reptiles et amphibiens (en Australie), rats musqués, ragondins, lézards… Le renard mange aussi des œufs et des hérissons.
Dans les zones urbaines, les renards s’emparent de petits animaux domestiques, tels que les lapins et les cochons d’Inde. Les renards sont accusés de tuer des agneaux : quand c’est le cas, on voit les marques de ses dents sur les épaules, les vertèbres cervicales sont écrasées, les blessures dues aux canines supérieures sont distantes d’environ 3 cm et celles des canines inférieures de 2,6 cm, enfin des ecchymoses montrent que l’animal a bien été tué, que le renard n’a pas mangé une charogne. La préférence du renard pour les lapins et les campagnols résulte probablement d’une efficacité particulière de la technique de chasse en milieu ouvert.
Les végétaux consommés
Les fruits et baies figurent en grande place dans le menu du renard (tout au moins chez nous) : raisins, pommes, prunes, framboises, cerises, cynorrhodons, myrtilles, mûres et même les céréales (en Suède). Cela va dépendre des saisons.
Le peuplement d'un milieu est assuré, chez les végétaux, par des formes de dispersion, par des organes spécialisés. Le renard est friand de fruits (à noyaux, à pépins) : lors de la consommation de ses fruits, noyaux et pépins (donc graines) sont rejetés dans les excréments du renard (" laissées ") leur donnant ainsi une couleur qui peut être caractéristique : noire (myrtilles), rouge (framboises). Les excréments étant disposés à des fins de marquage de territoire (celui du renard varie de 10 hectares en ville à 2000 en campagne), les graines sont ainsi dispersées un peu partout, permettant à l'espèce végétale de coloniser l'espace. C'est ainsi qu'est disséminée la ronce, le renard étant particulièrement friand de son fruit, la mûre.
Les cadavres et détritus.
Il arrive qu’un renard mange un cadavre de mouton (rôle important dans les Highlands en Ecosse), un cerf ou un chevreuil morts. Ces cadavres de grandes espèces domestiques ou sauvages (variables selon les pays) permettent souvent au renard de passer l'hiver. En ville, ils trottent de poubelles en mangeoires pour oiseaux, en quête de restes de nourriture.